Certes, Comme une comète est un livre sur la maternité, un témoignage destiné à informer les femmes sur le post-partum. Mais c’est aussi et surtout un ouvrage d’une sensibilité et d’une délicatesse exquises qui en font un livre universel.

Que souhaites-tu raconter, transmettre à travers cette histoire ?

Quand j’ai accouché et que je me suis sentie seule et démunie, j’ai cherché des livres sur la maternité et le post-partum, pour savoir si c’était normal de ressentir tout ça. Les seuls que j’ai trouvés employaient un ton plutôt comique, aucun ne présentait la dure réalité que je vivais ou n’entrait en profondeur dans ce sujet qui reste encore tabou. Puis, lors du diagnostic du handicap de mon fils, j’ai lu la très belle BD de Fabien Toulmé Ce n’est pas toi que j’attendais : cette lecture m’a fait beaucoup de bien. Je me suis dit : pourquoi ne pas faire comme lui, un récit authentique qui ne cache rien des difficultés rencontrées, tout en intégrant le thème important et plus large de la maternité ? Il est temps que les femmes partagent plus honnêtement sur ce sujet ; être en mesure de se préparer – savoir ce qui nous attend une fois que le bébé sera là – pourrait éviter des souffrances inutiles.

Le personnage principal ne s’appelle pas Aurélie mais Amandine. Quelle distance as-tu mise entre ton récit et la réalité que tu as vécue ?

Disons que 80 % du contenu est basé sur mes propres ressentis, mes souvenirs, des situations vécues. à partir de cette matière, j’ai réécrit une fiction dont le cheminement et les personnages sont plus construits, avec des étapes marquées, pour en faire un récit plus complexe et intéressant. Ce ne sont pas tout à fait mon couple, ma famille, mes amis… mais c’est mon fils à 100 % : toutes ses premières fois sont authentiques. Changer les prénoms et les physiques lui sera également utile pour prendre du recul, car quand il grandira et lira ce livre, ça pourrait être difficile.

Tu vas donner 10 % de tes droits à une association pour l’albinisme. Peux-tu nous dire ce qui devrait être amélioré dans notre société vis-à-vis des enfants ou personnes albinos ?

L’association Genespoir s’occupe de l’albinisme en France. Elle accompagne les parents qui découvrent le diagnostic de leur enfant, permet d’échanger avec d’autres familles, mais surtout elle finance chaque année des projets de recherche scientifique sur l’albinisme (génétique, santé de la peau, des yeux…). Dans notre société, toutes les différences physiques sont stigmatisées ; une personne albinos se remarque très vite. Mais le principal handicap lié à l’albinisme est la malvoyance. On pourrait faire des efforts dans plusieurs domaines : l’accessibilité numérique systématique, la facilitation des déplacements des personnes malvoyantes dans l’espace urbain, un accès adapté à la culture, la sensibilisation dans les écoles… Il y a encore beaucoup à faire.

Comme une comète est ta première bande dessinée. Pourquoi avoir choisi de raconter ton histoire par ce biais ?

J’ai d’abord hésité à en faire un roman, car je suis plus à l’aise pour écrire que pour dessiner. Mais la BD apporte une touche onirique à certaines scènes, elle mélange réel et imagination, comme dans l’esprit des enfants. Je pense que les dessins d’une mère avec son bébé toucheront beaucoup plus facilement qu’un simple texte, il y a une empathie immédiate qui se crée.

Pourquoi avoir choisi ces couleurs pastel pour ton livre ?

J’ai développé une palette limitée en partant du jaune clair, qui est la couleur des cheveux de mon fils. Les albinos ont les cheveux et la peau très pâles, les yeux clairs, une douceur qui s’en dégage et que je voulais garder à travers ces teintes. Cela permet aussi d’atténuer des scènes assez dures. J’ai voulu ne rien cacher de ce long parcours qui m’a transformée en maman, et proposer un témoignage brut, mais enveloppé dans un papier bonbon qui le rend plus agréable.