Portraits de lanceurs d'alerte
Fronde Fiscale

Ferenc, Léandre Ackermann & Elise Lucet

Auteurs :
Ferenc (Scénario)
Léandre Ackermann (Dessin)
Elise Lucet (Préface)
Date :
13 sept. 2023
Format :
120 pages - Couleur
16,5 x 24.0 cm
ISBN :
9782849534700
Prix :
20,00 €

Portraits de lanceurs d'alerte
Fronde Fiscale

Ferenc, Léandre Ackermann & Elise Lucet

Interview

Ce sont les vigiles, les aiguillons de notre société moderne, ceux qui obligent nos gouvernants à prendre des mesures pour limiter les abus les plus scandaleux, les plus souterrains. Des hommes et des femmes qui portent haut leur indignation. Portraits de deux lanceurs d’alerte emblématiques : Antoine Deltour et Céline Boussié. 


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Ferenc, pourquoi et comment t’est venu ce projet de raconter le parcours de lanceurs d’alerte ? 


Ferenc : Ce projet est né suite à une discussion avec Vincent Henry, l’éditeur historique de la Boîte à Bulles.
Notre envie était d’explorer le sujet, en allant dans le détail du vécu des lanceurs d’alerte. Nous entendons régulièrement parler d’eux, grâce aux médias. Mais derrière les scandales relayés de manière fragmentée, parfois le temps d’un procès, il y a des histoires personnelles passionnantes à décrypter. Pourquoi une personne se met-elle dans une position personnelle aussi inconfortable, là où tant d’autres ne bronchent pas ? Comment affronte-t-elle les poursuites judiciaires qui sont souvent déclenchées par l’institution ou l’entreprise fautive ? Le courage se paie très cher... Pour mieux cerner le vécu d’un lanceur d’alerte, il faut se plonger dans un mélange d’espoir, de détresse et d’absurdités. Des ingrédients indispensables pour que la société progresse ? 
Vincent m’a mis en relation avec Transparency International, une ONG spécialisée notamment dans l’accompagnement des lanceurs d’alerte. Le projet a évolué au fil des échanges et nous avons identifié 2 profils dont les parcours étaient particulièrement complémentaires : Céline Boussié et Antoine Deltour.


Pour quelles raisons sont-ils si complémentaires ? 


Ferenc : Ils se ressemblent si peu et se rejoignent pourtant sur l’essentiel. Antoine est un jeune diplômé de grande école lorsqu’il débarque au Luxembourg, pour lancer sa carrière au sein du prestigieux cabinet PricewaterhouseCoopers. De son côté, Céline retrouve enfin un emploi social dans une petite ville du Sud-Ouest. L’un baigne dans la haute finance internationale, l’autre prend soin d’enfants polyhandicapés. Leur conscience va les pousser à dénoncer ce qu’ils considèrent comme des pratiques contraires à l’intérêt général. S’ensuit un parcours chaotique qui met en évidence les limites de notre système judiciaire pour protéger les lanceurs d’alerte. Heureusement, leur obstination a permis des avancées significatives dans les droits français et européen. 


Ont-ils participé, ont-ils apporté leur regard sur le scénario ?


Ferenc : Ces histoires n’auraient pas pu voir le jour sans leur participation active. Chacun¦e a pris le temps de nous partager son expérience en revisitant chaque dimension essentielle au récit (professionnelle, personnelle, judiciaire, émotionnelle...). 
Ils ont relu soigneusement les scénarios à chaque étape du projet ; le résultat final reflète au plus près « leurs vérités » !


François, Léandre, pourquoi vous êtes-vous lancés sur de tels projets ?


Léandre : L’optimisation fiscale est un sujet important, à mon avis l’un des principaux leviers par lequel on peut espérer « changer le monde ». J’ai été touchée par le parcours d’Antoine, mais aussi par sa personnalité. Et d’un point de vue de dessinatrice, Ferenc m’a transmis un scénario avec une mise en scène déjà bien réfléchie, accompagné d’une base confortable de documentation, tout en restant très ouvert à mes propositions de modification. Il y avait la promesse d’une collaboration agréable.


François : En lisant le script de Ferenc, j’ai tout de suite été intéressé par le projet pour sa dimension politique et sociale. Au-delà du combat personnel de Céline pour la reconnaissance des cas de maltraitance, le sujet des lanceurs d’alerte nous amène à nous interroger collectivement sur le rôle des institutions démocratiques et leur capacité à soutenir des causes d’intérêt public.


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François, Léandre, avez-vous rencontré des difficultés à mettre en images les combats de Céline et Antoine ?


Léandre : Il y a toute la lourdeur des démarches juridiques... Dont on a sans doute gardé une partie, dans le rythme des procès. Mais il y a aussi des scènes plus introspectives, une dimension sur laquelle Antoine est plutôt discret. Il s’agissait de restituer cette retenue. En relisant le storyboard avec Antoine, j’ai ressenti la perquisition comme l’une des étapes les plus éprouvantes à vivre pour lui et, par empathie, cette scène aura été pénible à dessiner pour moi.


François : Le plus difficile a probablement été d’essayer de retranscrire la violence faite à des enfants au sein d’un Institut Médico-Éducatif qui devrait être un lieu d’attention et de soin.
Les scènes que m’a décrites Céline lors de notre rencontre étaient très dures, j’ai essayé de trouver la distance adéquate pour les représenter, sans les rendre spectaculaire ou les esthétiser.


Ferenc, doit-on attendre d’autres livres consacrés aux lanceurs d’alerte ?


Ferenc : Ce ne sont pas les sujets qui manquent ! à suivre.