Virginie Grimaldi n’est pas qu’une autrice à succès, c’est aussi une romancière qui sait mettre en scène les émotions fortes de notre vie à tous, de notre intimité. Quoi de plus logique alors que l’adaptation de son best-seller Et que ne durent que les moments doux entre au catalogue de La Boîte à Bulles ?
Vincent, pourquoi avoir voulu adapter ce livre a priori fort différent de tes précédents scénarios ?
Vincent : De temps à autre, Ariane des éditions Fayard m’envoie des livres pour voir si je pourrais proposer à des auteurs de les adapter. Un jour, elle m’a donc envoyé Et que ne durent que les moments doux. J’avoue que je n’ai initialement pas trop compris sa démarche : la couverture rose girly du livre ne me semblait pas pouvoir abriter un roman qui colle à notre ligne éditoriale. Je me trompais ! Ma copine l’a lu et m’a encouragé à faire de même...
Je l’ai lu par simple curiosité, histoire de comprendre pourquoi Virginie Grimaldi avait tant de succès. Et puis je me suis fait happer par ma lecture, par la capacité de l’autrice à susciter l’émotion de ses lecteurs, rire aussi bien que pleurs. Et, bien plus surprenant encore, je me suis reconnu dans ses deux personnages principaux, quand bien même c’étaient des femmes : tout comme Lili, j’ai vécu la naissance d’un bébé prématuré et tout comme Élise, je me sentais à ce moment-là de ma vie « mis à la retraite » dans mon rôle parental, mes deux filles partant étudier au loin. Alors, j’ai eu envie de me réapproprier ces destinées, de transmettre l’émotion que m’avait suscitée ces « Moments doux » par le jeu des cases et des bulles.
As-tu amené des éléments personnels dans l’adaptation ?
Vincent : Je suis resté autant que possible fidèle au texte original, et surtout à son propos. Mais j’ai bien évidemment dù faire des choix, éliminer des scènes, des personnages… Ces choix – l’emphase mise sur telle ou telle scène, sur telle ou telle émotion – sont sans doute le reflet de ma propre sensibilité, de ma propre histoire… Par exemple j’ai tenu à maintenir le seul personnage antipathique du livre, une interne revèche, car j’avais l’impression de l’avoir moi même croisée à l’hôpital Necker. À l’origine, je voulais me faire apparaître discrètement dans la BD avec ma fille prématurée, Rose, mais j’ai finalement sabré la scène car elle n’était pas indispensable. Du coup, le seul élément visuel inspiré de mon univers, c’est une vignette sur laquelle figure notre chien, Shadow, dans sa cage à la SPA...
Valeria, n’était-ce pas trop stressant de travailler sur l’adaptation d’un best-seller ? Qu’est-ce qui t’a le plus plu dans la réalisation de ce projet ?
Valeria : Je ne peux nier que j’ai ressenti une certaine responsabilité à mettre mon pinceau au service d’une autrice aussi adulée. Néanmoins, comme c’est souvent le cas pour une bande dessinée, ça a été un travail d’équipe car Vincent a aussi intégré de sa propre sensibilité dans le scénario de cette adaptation. J’ai eu la chance de travailler avec des gens qui ont toujours partagé et nourri mon enthousiasme pour ce projet.
Les personnages de Virginie sont si « vrais » et leurs émotions si vives que j’ai pris beaucoup de plaisir à les dessiner. J’ai intégré dans le dessin des personnages, tous les sentiments que j’ai ressentis à la première lecture du roman. Pour une adaptation, l’affection que l’on éprouve pour les personnages en tant que lecteur se mélange à celle qu’on a en tant qu’auteur. C’est vraiment unique de passer tant de mois en leur compagnie.